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Moi, Felipe |
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Ce que j'ai à dire, je l'ai au bout de mon pinceau. |
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Si encore, je savais écrire... Mon métier, c'est de peindre. |
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Il y a trop de bavards, au départ j'étais influencé par |
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ROUAULT, ENSOR, et GOYA. Aujourd'hui, j'ai quatre ou
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cinq cents toiles. Nous vivons dans la violence. Pour la |
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traduire, il y a l'expressionnisme. Les abstraits ne peuvent |
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pas dire autant de choses. Je fais aussi des abstractions |
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dans mes peintures. Je suis un témoin de la vie actuelle. |
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Je vois des putes, je peins des putes. D'autres couchent |
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avec. Après tout je suis peut-être con de ne pas tricher |
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avec mon art. Inutile de s'engager. Dès qu'on vit. on est |
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engagé... ou fonctionnaire. Si j'étais un peintre du dimanche |
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comme UTRILLO, je serais engagé avec la bouteille. Je me |
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suis trouvé pris dans le tourbillon de la guerre civile, en |
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Espagne, avant d'être engagé par les Allemands à |
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MAUTHAUSEN. Mais pourquoi en vouloir à la société ? |
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Il y a de mauvaises choses qu'il faudrait supprimer. Et puis |
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on ne peut pas en vouloir au monde entier. L'homme |
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m'intéresse d'abord, j'aime le concret. Je fais une peinture |
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qui conteste, mais je ne milite pas.
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Michel Nau
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